Vous êtes une association. Vous montez un projet culturel. Si c’est le cas, vous vous êtes certainement posé la question de son financement. Ce en quoi vous avez, évidemment, parfaitement raison ! Car qui dit projet, dit budget.
Mais voici qu’arrive l’épreuve du tableur Excel. Vous avez rempli la partie « Charges » sans trop de difficultés. Bien. Vous voici arrivé.e à la partie « Produits ». Cette fois, c’est plus complexe. Ventes et prestations, partenariats, subventions… Le compte n’y est pas. C’est alors que, pris.e d’un léger vent de panique et afin d’équilibrer votre budget à 0, vous complétez la ligne « mécénat d’entreprise » avec la différence. Qu’à cela ne tienne, on trouvera bien une ou deux entreprises généreuses pour abonder le quart du budget global. D’ailleurs, on avait prévu de s’y mettre.
Pas d'inquiétude, cela arrive à tout le monde.
Cela nous arrive aussi, bien sûr, et c’est bien pour cette raison qu’on a décidé de prendre un peu de recul sur ce réflexe devenu quasi pavlovien ces dernières années. Car la perspective est alléchante : trouver un grand donateur qui viendra, en un tour de main, garantir la viabilité du projet, sans que cela n’accapare notre temps précieux en procédures. En quelques mots, décrocher le jackpot.
Mieux vaut bien réfléchir avant d’opter pour cette stratégie. Orcène vous explique, en huit arguments, pourquoi il ne faut pas forcément foncer bille en tête sur le mécénat d’entreprise pour financer son projet culturel. Un article en format liste à prendre au second degré… ou presque !
Parce que le mécénat d'entreprise n'est pas nécessairement la poule aux oeufs d'or
- Et d’autant moins par les temps qui courent ! Avec le ralentissement de l’économie et la chute du PIB à prévoir à la suite de l’épidémie de coronavirus, il est compréhensible que les entreprises se focalisent en priorité sur leurs besoins et ceux de leurs salarié.e.s. Il faut donc être conscients qu’elles ne se lanceront probablement pas dans le mécénat tant que les conséquences de la crise ne leur seront pas pleinement connues. Cela signifie, au bas mot, 2021.
- Et pour ce qui est des entreprises ayant déjà passé le pas du mécénat, la tendance globale sera plutôt au renforcement des liens avec les porteurs de projets déjà soutenus. Bien sûr, si vous êtes déjà en lien avec une entreprise mécène, n’oubliez pas de prendre de ses nouvelles, de vous enquérir de sa posture actuelle, et de communiquer avec franchise sur la situation de votre organisation. La solidarité et l’écoute sont de mise.
Parce qu'il faut prendre le temps de bien construire sa stratégie globale de mécénat
- C’est le moment de retourner aux fondamentaux : Mission, Vision, Valeurs de votre organisation. Malheureusement, si ces éléments ne sont pas clairs pour vous, ils ne le seront sans doute pour personne ! Encore moins pour vos potentiels financeurs. Alors, ne passez pas trop vite à l’action, mais prenez le temps de ce tour d’horizon. Commencez par introspecter votre structure, puis clarifier son projet, avant d’évaluer son environnement. Ces bases sont la clé d’une campagne de collecte réussie !
- Avant d’enflammer la fatidique ligne « mécénat d’entreprise » de votre budget, mieux vaut prendre le temps de réfléchir en détail au modèle économique de votre collecte. C’est ce qui vous permettra de savoir précisément où investir votre énergie. Car il n’y a pas de recette miracle. L’efficacité d’une collecte ne réside pas dans le fait de trouver un donateur pour tout financer, mais de répartir habilement le nombre de dons et leurs montants. Pour résumer, de constituer la pyramide des dons personnalisée de votre projet.
Parce que faire appel au mécénat d'entreprise demande des compétences spécifiques
- Si vous débutez dans la recherche de mécènes d’entreprise, il vous faudra peaufiner un argumentaire spécifique. Prenez le temps de formuler vos arguments, d’élaborer votre base communicante, et de tester vos supports auprès de personnes bienveillantes. Rodez votre discours, affinez votre offre, et ne soyez pas surpris.e si une entreprise se montre nettement plus exigeante en ce qui concerne son implication et l’impact de votre projet.
- Pédagogie, pédagogie. Saurez-vous expliquer clairement à une entreprise débutante en la matière les avantages du mécénat ? On parle certes de contreparties, oui, MAIS aussi de toutes les raisons qu’aurait une entreprise à se lancer dans un début de politique RSE. Avec vous. Car il vous faudra peut-être commencer par sensibiliser votre interlocuteur à la philanthropie.
Parce que trouver une entreprise mécène, c'est long (eh oui)
- En effet, il faut prévoir du temps pour développer une relation durable avec une entreprise mécène. Si bien que les délais entre la prise de contact et le premier don s’évaluent, non pas en mois, mais en années. Un élément à prévoir lors de la constitution du calendrier de votre projet !
- De plus, on ne passe pas du rien au tout en un claquement de doigts. Il n’est pas raisonnable, sauf coup de chance insoupçonné, d’attendre d’une entreprise qu’elle finance l’intégralité de votre projet dès la première année. Les premiers montants seront, en toute logique, plus modestes. Et c’est tout à fait normal, car le don se cultive ! Qui dit petit don aujourd’hui dit potentiel pour demain.
Parce que vous n'avez pas suffisamment de temps à consacrer au mécénat d'entreprise
- Si vous caressez l’idée de confier illico le démarchage de vos futurs mécènes à un.e stagiaire ou un.e bénévole, prenez une pause café. Questionnez-vous sur les raisons qui vous poussent à déléguer une mission si délicate. Si c’est parce que c’est chronophage, sachez qu’il faudra tout de même effectuer le travail préparatoire et s’atteler à rédiger un plan d’action précis. Si c’est parce que vous ne savez pas par où commencer (pas de panique pour autant), ne supposez pas qu’un.e stagiaire ou un.e bénévole sera en capacité de le faire. Il est possible de déléguer une partie de cette tâche, mais il faut le faire pour les bonnes raisons, et en délimitant bien le champ des missions.
- En effet, la recherche d’un mécène d’entreprise requiert l’investissement de toute la gouvernance et la mobilisation des équipes en interne. Tout le monde, et on insiste, tout le monde doit être sur le pont. Car qui mieux que vous pour créer une relation durable avec votre mécène ? En effet, l’objectif n’est pas de recommencer entièrement le processus l’année suivante, mais bien de fidéliser votre donateur. Et en délégant la sollicitation directe, vous risquez de ne pas être moteur de la relation avec votre mécène.
Parce que même en entreprise, ce sont avant tout des personnes qui mécènent votre projet
- Une entreprise qui donne n’est pas une entité désincarnée. Derrière la somme donnée, se cache une personne, ou un groupe de personnes attachées à votre cause. Le lien que vous réussirez à établir avec ces individus sera la pierre angulaire de la relation entre votre organisation et leur entreprise.
- Ainsi, quel que soit le mécène, il vous faut animer et personnaliser vos relations. Les entreprises, bien qu’elles fonctionnent sur un modèle marchand, ne sont pas une exception à cette règle. Le mécénat ne relève pas uniquement de leur stratégie. Il relève bien souvent d’une démarche altruiste de leur gouvernance ou de leurs équipes.
Parce que vous n'avez pas forcément besoin de viser une entreprise du CAC 40
- Si elles sont plus promptes à mettre en place des stratégies de mécénat, elles sont également sollicitées de toutes parts. Alors, si votre projet est implanté localement, la piste à suivre est peut-être celle des PME ou TPE qui vous entourent… Les entreprises locales voient trop souvent leur potentiel dédaigné. Alors qu’elles peuvent tout à fait s’attacher au rayonnement culturel de leur ville, département ou région, et apprécier la proximité avec les bénéficiaires de leurs dons. Parfois, il suffit simplement de demander !
- Avant de vous tourner vers le mécénat d’entreprise, avez-vous envisagé de faire appel aux dons des particuliers, à ceux de fondations, ou à d’autres réseaux ? Et si c’est déjà le cas, avez-vous vraiment besoin de vous tourner vers d’autres mécènes, au lieu de fidéliser et cultiver ceux que vous avez déjà ? Effectuez des allers-retours fréquents entre votre pyramide des dons (cf plus haut) et votre typologie de donateurs, car chaque étage peut comprendre plusieurs types de donateurs. Ainsi, qui dit grand donateur n’implique pas forcément entreprise. De la même manière, un individu peut se révéler un grand philanthrope… pour peu qu’on l’y conduise !
Parce qu'il y a trois millions d'entreprises en France
- Quand on envisage une campagne de recherche de financements auprès des entreprises, on ne sait pas toujours à qui s’adresser. Faut-il faire le tour du bottin ? Qui appelle-t-on ? Comment trouver l’adresse e-mail du dirigeant ? Alas, que le monde est donc grand et nos espoirs vains. Hòla ! Si le désespoir s’installe, c’est que votre angle de sollicitation est trop large. Pour vos capacités, pour vos moyens, pour vos équipes. Commencez donc par vous demander qui connaît votre organisation, et qui votre organisation connaît. Puis, éventuellement, qui vous aimeriez connaître. Ensuite, ciblez, ciblez, ciblez. Vous rêvez d’un premier contact privilégié avec une entreprise ? Encore une fois, votre porte d’entrée, c’est l’humain. Et des humains en entreprise, autour de vous, il y en a beaucoup.
- On ne part que rarement de zéro. Ne dédaignez pas le travail que vous avez effectué au cours de précédents projets. Regardez d’où viennent les dons que vous recevez déjà. Répartissez-les dans la fameuse pyramide. Il est mille fois plus facile (on exagère à peine) d’obtenir le renouvellement du soutien d’un précédent donateur que d’aller en chercher un nouveau. Les réponses sont souvent sous nos yeux et ne demandent qu’à être analysées.
Si vous avez lu cet article et que vous êtes toujours prêt.e à initier ou continuer votre stratégie de collecte de fonds auprès des entreprises, alors foncez le coeur tranquille ! Mais si vous avez des doutes, que vous avez besoin d’aide pour bâtir votre stratégie ou pour aborder une nouvelle phase de votre développement, n’hésitez pas à faire appel à des professionnel.le.s. Un conseil extérieur peut être précieux pour être sûr.e.s de s’engager sur la bonne voie. Que ce soit temporairement ou sur le long terme, Orcène peut sans doute vous épauler. Alors, n’hésitez pas à consulter nos services, et à nous contacter :