D’expérience, l’accompagnement des porteurs de projets est sans nul doute la part la plus appréciable du métier de grantmaker. Je dirais même, sans hésiter, qu’il en constitue le cœur. Bien plus, les fondations, qu’elles aient ou non une équipe salariée en leur sein, accordent une part de plus en plus importante à ce dispositif, qui vient compléter le soutien financier de leurs bénéficiaires. Les options possibles sont nombreuses et les pratiques variées. Pour autant, mon expérience et les échanges avec d’autres professionnels m’indiquent quelques principes à retenir. Sans prétendre à l’exhaustivité, ces règles d’or vous épargneront sans doute du temps et de la frustration de la part de vos bénéficiaires ou partenaires. Avec quelques points de sémantique et de définition pour commencer.
Choisir entre soutien et accompagnement extra-financier ?
Avant toute chose me direz-vous, mais qu’est-ce que l’accompagnement des fondations ? En quoi consiste ce soutien « extra-financier » ? Et d’ailleurs, faut-il parler de soutien ou d’accompagnement ? Arrêtons nous un instant sur cette question. La notion de soutien implique l’idée d’aide, d’appuyer quelqu’un en difficulté. L’accompagnement désigne plutôt une posture et une démarche. Cette démarche est celle d’être aux côtés de quelqu’un pour la réalisation d’un objectif partagé, fondé sur des valeurs communes, ici d’intérêt général, d’utilité sociale et/ou de bien commun. Aussi, on préféra sans doute le terme d’accompagnement d’extra-financier pour désigner cet ensemble d’activités qui vise à renforcer les capacités des structures et, plus largement la pérennité de leurs projets.
Définir l’accompagnement extra-financier
On peut le définir très simplement comme l’ensemble des actions mises en œuvre par les fondations, au-delà de leur soutien financier. Cet ensemble vise à faciliter la réalisation des projets et, nous l’avons vu, à renforcer plus globalement la structure bénéficiaire. Les accompagnements sont variés. Ils diffèrent selon la stratégie philanthropique de la Fondation, ses axes d’intervention, ainsi que ses moyens et modes d’action. De l’accompagnement structurel, stratégique ou opérationnel, il n’y a pas un accompagnement supérieur à un autre. Cependant, un accompagnement réussi ne le sera que dans la mesure où il est en cohérence avec la vision stratégique de la fondation qui le déploie et, surtout, adaptés aux besoins et aux capacités de leurs bénéficiaires. C’est, par exemple, prendre en compte le besoin humain en coordination de projet, un accompagnement extérieur étant un projet en soi. C’est aussi concilier le calendrier de l’accompagnement avec le calendrier de leurs opérations. Même dans l’urgence.
Comprendre les besoins des porteurs de projets
C’est LE principe clé de l’accompagnement extra-financier. Cette compréhension des besoins suggère de toujours partir d’un diagnostic partagé avec la structure. Cette étape clé est déjà un accompagnement. Ce principe suppose également de travailler au plus près des porteurs de projets, dès le début du partenariat, voire dès la phase de sélection. Concrètement, cela signifie de toujours intégrer dans le processus, un ou plusieurs temps d’échanges humains. Et de ne jamais se satisfaire d’un dossier rempli en ligne pour décider d’un soutien.
Impliquer l’équipe de l’organisation
Le temps d’échange qu’est le diagnostic permet une première analyse des besoins. Il assure le partage des dynamiques d’ouverture et des perspectives de changements. C’est pourquoi, lors de cette phase, la présence d’un membre de la gouvernance, ainsi que celle du dirigeant salarié ou opérationnel sont indispensables. Mobiliser les chefs de projets ou bénévoles intéressés contribue aussi à la bonne mise en œuvre de l’accompagnement. Ne pas hésiter également à mobiliser sa propre gouvernance. C’est une évidence dans les débuts d’une fondation, moins lorsque son équipe s’étoffe. L’implication croisée des parties prenantes présage toujours de la réussite de la démarche.
Ne pas figer l’accompagnement
Le diagnostic partagé permet d’avoir une lecture commune sur la situation de l’organisation et les enjeux à un instant T. Dès lors, si cette lecture permet de définir un cadre et une feuille de route, ces derniers doivent être évolutifs. Autrement dit, si le dispositif d’accompagnement est structuré et cadré, son processus doit s’adapter aux changements de contexte. Concrètement, comment faire ? Alternez échanges informels et temps de restitution cadrés. Adaptez l’objet et l’amplitude de l’accompagnement aux besoins et aux capacités d’absorption de la structure. Par ailleurs, il est recommandé de ne pas faire dépendre le soutien financier de la réussite ou non de l’accompagnement. Les versements peuvent, par exemple, être opérés quant bien même l’accompagnement ne produit pas immédiatement les avancées attendues. L’essentiel est de ne pas perdre de vue l’objectif final : le renforcement des capacités de l’organisation à répondre à l’enjeu sociétal sur lequel elle s’est positionnée.
Développer la confiance et la transparence
Afin de recevoir un retour d’informations précis, il est important de favoriser une relation fondée sur la confiance et la transparence. Ainsi, l’organisation doit pouvoir partager non seulement ses succès, mais aussi ses problèmes et ses échecs. Cela n’est possible que si la Fondation précise clairement que le soutien financier ne dépend pas d’une réussite présupposée de l’accompagnement. Cette règle d’or balaie les craintes des porteurs de projets plus enclins à exposer leurs difficultés dans ce cadre de confiance. il faut également rappeler la confidentialité des échanges. Par ailleurs, préciser les modalités de réalisation est un facteur de réussite. Cela peut consister à expliquer le processus de décision interne de la fondation ainsi que ses méthodes de travail. Il est aussi utile de préciser à l’organisation qui seront ses différents interlocuteurs et leurs rôles respectifs. La fondation doit également veiller à adopter la position de « facilitateur » et non de « sachant ». L’expérience de soutiens extra-financiers apporte autant aux porteurs de projets qu’aux équipes des fondations. Je peux en témoigner, et mon expertise doit aujourd’hui beaucoup à ces temps d’accompagnements aux côtés d’associations.
Faciliter le développement d’un réseau
Mettre en réseau les bénéficiaires de ses soutiens est une composante indispensable de l’accompagnement. En tant que rassembleur, une fondation contribue aussi bien aux renforcement des capacités de chacun qu’au renforcement de son action globale. A ce propos, il est souvent préférable de ne pas cantonner la rencontre aux acteurs d’un même secteur mais de favoriser les rencontres autour de thèmes transversaux. Stratégie du projet associatif, modèle socio-économique, transition digitale, développement des ressources, ou mesure d’impact sont autant de thématiques possibles. Ces expériences révèlent souvent que l’échange inter-secteurs favorise un croisement de regards et un renouvellement bénéfique des pratiques. Ces rendez-vous doivent être suffisamment nombreux et réguliers pour cela. L’idéal est de les articuler sous forme de parcours jalonnés de temps collectifs de travail. Cette façon de procéder facilite l’entraide et suscite la synergie multi-acteurs. Cette synergie est le terreau de coopérations au bénéfice de l’impact même de l’action de la Fondation.
Agir en complémentarité ou soutenir les dispositifs de soutien existants
Nombreuses sont les fondations exprimant leur volonté de ne pas se substituer aux appuis publics. Leurs fondateurs envisagent leurs engagements philanthropiques en entrepreneurs, particulièrement soucieux de l’efficacité de leurs soutiens sur le terrain. Ils considèrent ces soutiens comme de véritables « fonds d’innovation sociale ». L’accompagnement extra-financier s’inscrit dans cette logique de venture philanthropy. Pour autant, cette démarche, pour être efficace, exige une analyse préalable des dispositifs existants, notamment publics. Ces dispositifs étant nombreux, les connaître constitue aussi un atout pour le professionnel d’une fondation. Il peut ainsi aiguiller et conseiller le porteur de projet. A cette fin, se reporter au Dispositif Local d’Accompagnement est un bon réflexe. Se plonger dans les travaux de ses centres de ressources encore plus. On se reportera au dossier élaboré par l’AVISE et Jurisassociation car il décrypte très clairement les solutions existantes. Il donne une vue d’ensemble éclairante pour les fondations qui peuvent ainsi inscrire leur accompagnement en complémentarité.
Fondation, association et accompagnateur, le trio gagnant
Le mode d’accompagnement résulte de plusieurs facteurs liés à la taille et aux compétences de l’équipe interne de la fondation. Cependant, le recours à un prestataire extérieur, s’avère toujours intéressant. Outre l’apport d’une expertise précise ou transversale, ce tiers peut tenir un rôle de médiateur particulièrement intéressant. Le choix de ce prestataire doit être partagé entre la fondation et l’organisation. Sa participation au diagnostic et à l’identification des problématiques peuvent également contribuer à la pertinence de l’accompagnement. Son intervention doit viser l’opérationnalité par une définition claire des livrables. Surtout, il doit prévoir une phase de transfert des savoirs avec un accompagnement au changement.
Pour Orcène, c’est une étape essentielle de l’accompagnement. Bien plus, nous veillons à inscrire notre intervention en coordination avec l’équipe opérationnelle de la Fondation. Cette relation tripartite gagnante contribue à la montée des compétences de chacun.
N’hésitez pas à nous contacter, nous serions ravies de vous exposer notre approche :