Un café avec Fred Deb, directrice artistique des Rencontres de Danse Aérienne

D’août à octobre 2020, Orcène a eu le plaisir d’accompagner l’association Les Rencontres de Danse Aérienne afin de faciliter son implantation dans un nouveau lieu dédié, La Volière. Deux mois plus tard, nous prenons un télé-café avec Fred Deb, chorégraphe, directrice artistique et référence internationale des arts aériens. L’occasion pour Orcène de prendre des nouvelles, mais aussi de faire le point sur l’évolution du projet dans le contexte de crise sanitaire, et de revenir sur ce magnifique projet qui nous évoque tout à la fois le mouvement, la verticalité et l’alignement du corps et de l’esprit. Renversant !

Fred, tu es l'icône internationale de la danse aérienne. Qu'est-ce que la danse aérienne et que représente-t-elle pour toi ?

La danse aérienne est une discipline à la croisée du cirque et de la danse. D’une part, du cirque : on utilise les agrès des arts du cirque et la verticalité, donc une spécialité que les danseurs utilisent moins. En l’occurrence, les notions de suspension, de gravité, de chute sont étroitement liées aux arts du cirque. D’autre part, de la danse : on travaille la chorégraphie, la gestuelle et la qualité corporelle et esthétique, au delà d’une discipline purement musculaire et technique. On utilise donc les outils techniques du cirque et les outils chorégraphiques de la danse. Pour moi, la danse aérienne représente une recherche de liberté et une dimension spirituelle dans sa verticalité.

Fred Deb dessine une danse de la vie entre ciel et terre… Le corps est envisagé comme une sculpture mobile, une œuvre d’art. Le geste doit être précis et sûr.

L'association Les Rencontres de Danse Aérienne, que tu as fondée, est historiquement présente sur le territoire de Saint Nazaire avec un festival annuel. En 2020, elle investit un lieu dédié, La Volière. Quels sont les nouveaux projets de l'association en lien avec cet espace ?

La philosophie du Festival des Rencontres de Danse Aérienne repose sur le partage des disciplines aériennes avec tous les publics. Aujourd’hui, le projet de l’association est d’ancrer de manière pérenne cette philosophie dans le quotidien. Nous avons étendu notre champ d’action aux arts du cirque, tout en restant sur l’idée de verticalité.  Par ailleurs, nous nous adressons au plus grand nombre. Amateurs amoureux, publics éloignés, professionnels et semi-professionnels en voie de professionnalisation, nous mélangeons tous les publics.

A la Volière, nous créons un pôle ressource des arts du cirque aérien. Les activités développées ici sont la pratique de loisirs (cours de cirque pour tous les publics), l’action culturelle, mais également la pratique professionnelle avec des entraînements, des résidences d’artistes et de compagnies. De même, nous envisageons le développement d’un pôle bien-être en lien avec le corps, la colonne vertébrale et toujours cette notion d’alignement.

Les disciplines aériennes ont maintenant leur lieu dédié à deux pas de la gare de Saint Nazaire, avec des activités de cirque ouvertes à tous les publics.

Pourquoi ce nom, la Volière ?

La Volière correspond à cette idée que je me fais du lieu. C’est un nid protecteur de création, qui permettrait l’envol.

L’identité visuelle de la Volière, des lignes qui évoquent à la fois la notion de verticalité et une cage qui s’ouvre sur l’extérieur.

Comment êtes-vous parvenus à transformer la crise de la Covid-19 en opportunité pour l'association Les Rencontres de Danse Aérienne et sa Volière ?

Camille Judic et Fred Deb’ présentent DEADBIRD, interprété par Camille Judic. DEADBIRD est né du 2ème confinement (novembre 2020).

Nous nous sommes installés à la Volière au mois de septembre 2020. Si nous n’avions pas pu déménager avant le reconfinement, nous aurions mis énormément de choses à l’arrêt. Aujourd’hui, cela nous permet d’évoluer dans un temps différent, de réflexion et de maturation, sans obligation de résultat immédiat. Ainsi, nous profitons de la liberté et de l’espace soudainement disponibles pour mettre en place le projet tel qu’on le veut vraiment.

Comment se profile l'édition 2021 du festival des Rencontres de Danse Aérienne ?

Les danses aériennes : des spectacles légers, en plein air, qui permettent de réinventer l’espace public en période d’épidémie. (Photo prise lors d’une édition précédente du festival.)

Le festival des Rencontres de Danse Aérienne se tient normalement tous les étés dans un gymnase. Les représentations se font dans les lieux patrimoniaux de la ville de Saint Nazaire. Nous étions en train de reconsidérer ce format, mais sans trop savoir comment, ni être vraiment convaincus. Quand j’ai demandé à réserver le gymnase pour l’édition 2021, la ville de Saint Nazaire, compte-tenu du contexte sanitaire, n’était pas en mesure de confirmer.

C’est le déclic qui m’a fait complètement repenser le festival et trouver de nouvelles solutions. Nous allons nous réorganiser pour tout faire à la Volière, créer un pôle festif et nous ancrer dans ce quartier de la ville où nous nous installons. Il s’agit d’investir pleinement le site et même, éventuellement, d’y installer un chapiteau !

Les années précédentes, la programmation mettait en valeur les paysages de la ville. Aujourd’hui, nous faisons le choix de mettre en valeur l’esthétique de notre programmation. En ce sens, on approfondit la cohérence globale du projet de la Volière. Les Rencontres de Danse Aérienne pourraient même se dérouler toute l’année, avec l’installation d’une programmation au long court.

En quoi l'accompagnement d'Orcène, dans le cadre du Dispositif Local d'Accompagnement commandité par France Active Pays de la Loire, vous a-t-il permis d'envisager sereinement le changement d'échelle de l'association ?

Virginie et Marie, les consultantes d’Orcène, ont mis beaucoup de sérieux et de passion à travailler avec nous. Elles sont rentrées dans le projet avec un regard neuf. On sentait bien qu’elles avaient envie d’y plonger, d’en comprendre l’architecture et d’y ajouter leur pierre. Ce fut très précieux.

Le plus important, c’est d’avoir poussé au bout la réflexion du projet associatif, qui a permis une analyse fine du projet, des envies. Je pense que c’est là qu’on a été le plus accompagnés. L’accompagnement d’Orcène nous a permis de mettre en lumière et de structurer le projet associatif dans une dimension très mûrie et intellectualisée, et de faire passer la réflexion à un nouveau degré de finesse et d’expertise.

Encore une fois, c’est cette question d’alignement qui revient, et autour de laquelle on a travaillé. La verticalité et l’essence même du projet se structurent, se maturent et font sens. Et comme on a beaucoup retravaillé notre projet, on se sent beaucoup plus forts et légitimes pour envisager la suite.

Virginie Commelin et Marie Haerrig, du cabinet Orcène, en séance de travail à la Volière en septembre 2020, avec l’association Les Rencontres de Danse Aérienne, représentée par Fred Deb et Cindy Le Clère.

La Volière, c'est un projet collectif et ouvert sur son territoire. Qui est à tes côtés dans cette aventure ?

Revivez l’inauguration en distan-ciel de La Volière, le 13 novembre 2020.

Nous avons des bénévoles très dynamiques au Conseil d’Administration. Celui-ci est très actif et travaille avec moi sur l’ensemble des questions liées au projet. Nous avons également une équipe, avec une administratrice, des professeurs et des artistes qui donnent les cours et répètent. Deux personnes viennent d’arriver en service civique.

Bien sûr, nos partenaires nous entourent : la ville de Saint Nazaire, la Carène.

La communauté circassienne prend également sur les réseaux sociaux, où nous essayons de toucher les jeunes. Et enfin le public, les habitants sur le territoire qui soutiennent le projet, qui en parlent et qui ont envie que tout cela vive. Les élèves, d’ici et d’ailleurs, les artistes, la communauté… C’est l’occasion de tous les remercier !

Orcène remercie chaleureusement l’association Les Rencontres de Danse Aérienne, ainsi que Fred Deb, pour la confiance accordée lors de cet accompagnement. Nous en profitons également pour les féliciter du chemin parcouru !

Pour plus d’informations sur les modalités d’intervention d’Orcène, n‘hésitez pas à nous contacter :