Réouverture des lieux culturels : rassurer ses publics pour les faire revenir in situ

(Série de 10 conseils pour faire revenir les publics dans les lieux culturels : épisode 1/10)

Le compte à rebours a débuté. Le monde de la Culture compte 2 semaines devant lui avant que les visiteurs et spectateurs ne fassent leur grand retour. L’occasion pour Orcène de vous livrer un dossier spécial : une série de 10 conseils pour attirer à nouveau les publics dans les lieux culturels. Car ce retour tant espéré est entouré d’une aura de mystère… Entre le profond changement des pratiques culturelles des publics, le bruit médiatique généré par l’annonce individuelle de toutes les réouvertures et la concurrence exacerbée entre les activités soudainement disponibles, comment tirer son épingle du jeu auprès des visiteurs et spectateurs ?

Orcène a décidé de vous livrer 10 conseils jusqu’à la réouverture complète, prévue fin juin. Ces recommandations sont issues de nos observations et lectures, de notre participation à de nombreux webinairs et de nos échanges avec les professionnels du milieu. On inaugure cette série avec le conseil 1/10 : rassurer ses publics. Ou comment leur faire franchir la porte d’un lieu qui a porté si longtemps le poids du mot « interdit ».

Conseil numéro 1 : rassurer ses visiteurs et spectateurs

Les lieux culturels sont prêts, archi-prêts

Mercredi 19 mai, les lieux de culture : musées, cinémas et théâtres, seront à nouveau autorisés à accueillir leurs publics (sous contrainte de jauges et protocoles sanitaires). Les annonces de reprise des programmations ont déjà commencé à fuser, Festival d’Avignon en tête. Du côté des lieux culturels, les équipes sont prêtes. On attend les visiteurs de pied ferme, car, comme chacun le répète depuis ce qui fera 201 jours de fermeture sèche (on a fait le calcul), on a hâte de tous se retrouver.

On n’insiste pas davantage, vous avez compris l’idée.

Respect scrupuleux des protocoles sanitaires, jauges réduites, sens de circulation, signalétique et même … purificateurs d’air installés à grands frais ! Vous avez tout mis en oeuvre afin que vos publics puissent circuler en toute sécurité dans votre établissement. D’ailleurs, vous avez déjà démontré votre sérieux lors de la rentrée 2020. Et puis, on le répète depuis 6 mois dans chaque article, sur chaque radio, sur tous les plateaux télé :

  • Le risque de contamination dans une salle de spectacle peut être réduit à zéro.
  • Les musées sont habitués à gérer les flux.
  • Le pass sanitaire peut s’appliquer aux concerts debout et inciter à la vaccination.

Le retour immédiat des visiteurs est-il vraiment acquis ?

Mais voilà, il est probable que cela ne suffise pas tout à fait à rassurer les spectateurs. L’étude d’Ernst&Young parue au mois de février 2021 et baptisée « Rebuilding Europe » nous fournit les résultats d’un sondage. On y apprend que seuls 32% des répondants se sentent suffisamment à l’aise pour envisager de revenir au théâtre dans les jours ou semaines suivant leur réouverture. Le chiffre baisse à 27% pour les concerts. En revanche, côté supermarchés, la crainte est beaucoup moins ancrée ! Il faudra s’attendre à ce que l’association des lieux culturels avec la notion d’interdiction, et donc de danger, laisse des traces à moyen terme.

Il faudra donc faire preuve de patience. De pédagogie. De sens de l’argumentation. Non plus envers les pouvoirs publics, mais bien à destination des visiteurs et spectateurs. Logiquement, cet effort doit intervenir avant la réservation du billet. Il peut d’ailleurs être produit collectivement, car toutes les structures culturelles ont aujourd’hui le même message à faire passer : « il n’y a pas de danger à se cultiver ». Mais surtout, il va falloir accepter que cela prenne du temps.

Garantir le confort de visite

Pour ce faire, de nouveaux outils de gestion des flux existent, destinés à garantir le confort du public dès la réouverture et à lui inspirer une confiance légitime :

Si vous n’avez pas les moyens de vous offrir ces solutions, vous pouvez bien sûr :

  • Préciser directement sur les pages de vos événements, sans oublier votre plateforme de billetterie, que des jauges réduites sont bien appliquées. N’oubliez pas de réserver des quotas pour la vente sur place, notamment pour vos publics en situation de fracture numérique.
  • Toutes proportions gardées, vous pouvez vous reposer sur les informations fournies par Google Maps, qui mesure l’affluence grâce à la fonction de géolocalisation des smartphones. (Profitez-en pour mettre à jour vos heures d’ouverture sur votre fiche Google My Business.)
  • Réserver des créneaux de visite ou des zones spécifiques pour les personnes particulièrement à risques, sans oublier de les informer de cette possibilité.
  • Et si vos espaces le permettent, vous pouvez évidemment compter à la main. A l’ancienne.
Capture d'écran de la page billetterie du Festival d'Avignon

C’est un petit peu caché, mais la mention y est : « le placement tiendra compte des mesures sanitaires en vigueur au moment du spectacle ».

Les horaires d'affluence sur Google Maps

« Google explique notamment que le nombre de lieux qui bénéficient d’informations de fréquentation « en direct » est en train d’augmenter. Son objectif est de les multiplier par cinq d’ici à 2021. »

(Source : article de Nicolas Six pour Le Monde, 16 octobre 2020)

Finalement, pourquoi pas se caler sur le rythme des publics ?

On ne va pas se le cacher : tout le monde n’a pas les moyens d’être un pionnier de la réouverture. Seuls quelques salles, festivals et musées aux modèles économiques bien particuliers (c’est-à-dire largement subventionnés) ont véritablement les moyens de rouvrir en suivant ces protocoles sanitaires drastiques.

  • Les constructions de gradins en plein air, les doubles diffusions physique / livestream, les frais engendrés en personnel pour gérer les flux sont des coûts supplémentaires non négligeables.
  • En parallèle, les jauges réduites (35%, puis 65%, puis 100% le 30 juin) doublées de contraintes horaires draconiennes, la réticence face à la monétisation des contenus en ligne et la nouvelle frilosité des partenaires privés constituent des pertes de revenus importantes.

Dès lors, certains font le choix d’attendre. Attendre que les publics soient véritablement prêts à revenir, et attendre d’avoir les moyens de rouvrir. Les deux calendriers peuvent s’entendre. C’est ce que pense Benoît Lavigne, directeur du Lucernaire :

« Nous ne voulons pas d’une réouverture au rabais avec seulement un tiers de nos jauges, un couvre-feu maintenu et des aides pour compenser le manque à gagner.
Nous ne voulons plus de fausses promesses et des espoirs déçus.
Notre souhait le plus cher est de retrouver nos spectateurs en toute sécurité et liberté.
Et si pour cela nous devons attendre quelques mois encore alors attendons. »

Benoît Lavigne, « Le Lucernaire rouvrira ses portes le mercredi 25 août« , Sceneweb

Safety first

Nous espérons que ce premier conseil d’une longue série vous a été utile. Qu’il vous a donné une idée de l’enjeu autour de la nécessité de rassurer vos spectateurs et visiteurs. Sans oublier… les artistes et le personnel. S’agit-il seulement d’une anecdote ? Aux Etats-Unis, la tendance fut un temps à l’inverse de la France… La frilosité autour de la réouverture venait des lieux et syndicats eux-mêmes, craignant pour la santé de leurs intervenants et collaborateurs. Figurez-vous que le discours de la réouverture à tous prix était même… l’apanage de la Droite (source : The New York Times, Should the American Theater take French lessons ?, 17 mars 2021).

Dès lundi, un deuxième conseil pour attirer à nouveau les publics sur les lieux culturels : communiquer intelligemment pour se différencier dans le brouhaha de la réouverture.

Evidemment, nous pouvons vous aider à mettre en oeuvre les conseils que nous formulons !  Besoin d’expertise, d’un regard extérieur, de forces supplémentaires pour aborder ces sujets ? N’hésitez pas à faire appel à nousOrcène est un cabinet de conseil spécialiste des organisations qui placent la Culture au coeur de leur développement. Nous intervenons sur des questions de stratégie, de modèle socio-économique et d’intégration de la donnée dans les processus de décision des organisations culturelles, et nous sommes à votre service.

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Marie Haerrig

Consultante et co-fondatrice d'Orcène

Double diplômée du Master of Science in Management de l’ESSEC Grande Ecole et du Master 2 Marché de l’Art de l’Ecole du Louvre, Marie déploie naturellement son parcours professionnel dans l’écosystème de la culture. Son expérience en gestion de projets culturels est fortement marquée par l’international. Marie a notamment exercé dans les domaines du marché de l’art, du mécénat, de la facture d’instruments de musique et de l’administration de compagnies de spectacle vivant, dans des fonctions de marketing, communication, recherche de fonds et contrôle de gestion. En 2019, elle entreprend avec Orcène de mettre la variété de ses compétences au service des porteurs de projets du champ culturel.